Devait-elle vêtir une robe différente de ses robes habituelles ? Non. Elle n’allait pas prendre part aux festivités. Guenièvre n’était qu’une servante, condamnée à le rester. Autant s’y faire. Elle s’y était habituée et sa vie lui plaisait bien après tout. Ce qui l’embêtait surtout, c’était de se retrouver dans la même pièce qu’Arthur. En plus de se concentrer sur son travail, elle allait devoir se contrôler pour éviter le regard du roi. À tout prix. Un seul regard pourrait suffire après tout à lui rappeler à quel point son cœur ne l’a pas oublié, à quel point son cœur souffre de leur éloignement. Ainsi rêvait-elle secrètement aux jours heureux du passé, quand elle servait Dame Morgane, qu’elles étaient amies et qu’elles parlaient d’Arthur en se moquant un peu.

Les gens étaient heureux. Un simple discours d’Arthur pouvait rendre heureux une salle pleine. Attablés, les invités commencèrent le festin alors qu’elle courrait déjà pour servir tout le monde. Elle sourit aimablement à ses amis, souriant avec un peu plus de complicité à son frère lorsqu’elle alla lui servir à boire. Au passage, elle lui souhaita un bon appétit avant de continuer son service. Merlin l’aidait du mieux qu’elle pouvait en servant d’autres invités. Tellement distraite par ses pensées et le fait qu’elle ne devait pas regarder Arthur, elle ne remarqua même pas la présence de Morgane à qui elle servit à boire.

Anna ne savait pas trés bien où elle devait se mettre, déjà une fête pour son départ comme ça ne lui plaisait pas trop. Non pas qu'elle est voulu partir discrètement, mais elle ne voulait pas vraiment que toute la cour du Roi Arthur soit là pour lui souhaiter un bon voyage, cela faisait bien trop de main à serrer et de sourire à faire, dire que tout cela ne faisait que commencer, car elle allait devoir faire la même chose, une fois qu'elle sera rentrée chez elle. Elle jeta un coup de d’œil vers son frère, qui bien qu'en compagnie des chevaliers de Camelot, ne semblait pas vraiment s'amuser, mais bon lui aussi avait perdu son frère dans cette histoire.

De plus, Anna portait une robe des plus simples, et ne savait pas si elle devait rester prés du Roi, ou bien cette place ne lui était plus accordée. Elle décida de prendre place prés de son frère, plutôt que prés du Roi, qui se trouvait quand même non loin, des deux membres de la cour royale de Gaels. La jeune reine avait une assiette en main, avec une crêpe dedans, et déchirer des petits morceaux de crêpe pour les mettre dans sa bouche, cela semblait plus approprié pour les manger. Elle fit un maigre sourire à son frère, qui ne semblait pas être dans un trés bon état non plus, elle voyait bien qu'il était fatigué, et se forcer à sourire.

Plus loin elle croisa le regard d'une jeune femme et crut reconnaître Morgane, la jeune femme qui lui avait été si amicale lors de sa première visite à Camelot, mais qui s'était révélé être une sorcière. Anna n'avait rien contre elle, mais quand elle essaya de regarder mieux, elle ne la vit plus, elle n'était plus trés sûre de savoir ce qu'elle avait vu. Une jeune femme vint lui servir un verre d'eau, Anna le prit en main pour le  soulever et sourit à la jeune servante, qu'elle avait eu souvent l'occasion de croiser dans les couloirs du château. Bizarrement tout ce petit monde allait lui manquer, même si une part d'elle, était heureuse de rentrer chez elle, même si c'était pour une raison aussi tragique que la mort de son frère.

Voilà maintenant bien longtemps qu’Astrithr et Dhvorak avaient escortés la princesse Anna jusqu’ici. S’étant bien fait remarqués, le duo de mercenaires avait commencés à travailler pour le roi, prenant part dans quelques missions. De son côté, Astrithr avait également apprit beaucoup de choses sur cette cité et son peuple. Les gens aimaient bien Arthur en général. La rumeur voulait qu’ils aiment plus leur roi actuel que le précédent. D’autres ne savaient tout simplement pas quoi penser de lui, comme Jehan, tandis que d’autres voulaient sa mort, comme ce duo de sorcière duquel elle n’arrêtait pas d’entendre parler, et ce serviteur, Allyn. Apparemment, Arthur avait plus d’un ennemi parmi ces murs, et si elle continuait de fouiller, sans doute que la sarmate en trouverait d’autre.

Ce soir n’était pas différent des autres. Astrithr était toujours sur ses gardes, sans pour autant paraître méfiante. Néanmoins, sous sa robe blanche, dans ses bottes, elle gardait deux dagues, de quoi être prête si jamais elle devait réagir. Bref, le roi finissant son discours, tout le monde commença le festin sans qu’elle ne sache pourquoi ils semblaient tous aussi heureux de l’avoir entendu parler. Si peu pourtant… Enfin, lorsqu’elle vit les crêpes dans son assiette, elle ne put se retourner de regarder son compagnon de guerre à côté d’elle. « Camelot est sans doute le seul endroit à servir ça à manger durant un festin. » Non, elle ne trouvait pas cela normal. Elle aurait préféré de loin manger de la viande. Elle attaqua tout de même un raisin dans son assiette pour le mettre dans sa bouche et l’avaler presque tout rond.

L'air las, un mercenaire n'avait que peut d'intérêt à rester longtemps au même endroit, à moins bien sûr d'avoir une bonne raison. Pour les Sarmates il s'agissait bien évidement d'argent. Et justement présent cette loyauté avec un prix n'avait jamais fait faux bond aux deux acolytes des royaumes de l'Est. A dire vrai, ils étaient arrivés en des terres bien singulières. La preuve devait en être une fois de plus donné par ce repas non moins curieux qui allait leur être servis... Dhvorak s'était pointé avec une mine moins patibulaire qu'à l'accoutumé. Après tout il s'agissait d'une fête à ce qu'il avait entendu dire, il fallait donc arborer une mine un peu plus enjoué. Un petit sourire un coin ne le quittait plus depuis un moment déjà. Sans doute depuis qu'il avait senti quelques odeurs délicieuses émaner des cuisines du château. Il avait faim et son estomac demandait à être nourrit ! Après tout, avec toutes les petites missions qu'ils remplissaient ça et et là pour le roi, ils avaient bien le droit à un bon repas, mais si la raison de celui-ci lui avait échappé. Qu'importe, du moment qu'il pouvait manger et boire.

A présent attablé avec d'autres convives, Dhvorak faisait face à son acolyte de toujours. Mais son regard était porté sur ce qu'il avait dans son assiette. Il souleva ce met étranger pour l'observer sous toutes les coutures. Son sourire l'avait quitter pour lui arracher une expression proche du dégoût. Il s'était attendu à mieux que ça. Après coup il avait levé les yeux vers Astrithr, arquant un sourcil en écoutant ce qu'elle disait. Le mercenaire n'avait même pas envie d'y toucher, trop déçu par ce repas trop frugale à son goût. La déception se lisait facilement sur son visage, en même temps il n'était pas le genre à cacher le fond de sa pensée quand il s'agissait d'un sujet sensible telle que la nourriture. « J'espère qu'on aura pas que ça, sinon c'est pas deux milles pièces d'or qui sauront me ramener dans ce château » dit-il avec une pointe d'agacement. Il croisa les bras devant son assiette, la mine boudeuse. Il n'avait plus faim.